LeS dOiGtS bLeUs
(Blue Fingers)
"Je toucherai le ciel et j'aurai les doigts bleus"
Et la nuit seule entendit leurs paroles
the English version is just below
Bonjour à toutes et à tous !
L'heure est à la poésie. Ce mois-ci, la sélection est très franco-française (pour la partie francophone) et très persane (pour la partie anglophone). Du Bellay, Brassens, Musset, Sepehri, Shamlou... et surtout Sabine Sicaud, une poétesse incroyable décédée à l'âge de 15 ans mais qui avait déjà écrit la matière de trois recueils. Un style et une maturité incroyables.
Le petit cadeau de Noël, c'est, une fois n'est pas coutume un MP3 de Madonna intitulé "Santa Baby"... où elle explique au père noël qu'elle a été très sage cette année. Et le deuxième cadeau c'est "Le prophète" de Khalil Gibran en version originale (c'est-à-dire en anglais).
Pour votre information, LeS dOiGtS bLeUs peut désormais être trouvé à l'adresse www.lesdoigtsbleus.com. Le domaine s'étant enfin libéré je me suis empressé de l'acquérir. La nouvelle version de LeS dOiGtS bLeUs sera complètement prête à la mi janvier. D'ici là, la bibliothèque poétique restera en ligne, accessible soit depuis www.lesdoigtsbleus.com, soit, comme avant, depuis www.lesdoigtsbleus.fr.st.
Et maintenant en avant le programme !
En Français (en blanc) :
- Les Colchiques de Guillaume Apollinaire
- Le Jeu de Charles Baudelaire
- Les Regrets de Joachim du Bellay
- La rose, la bouteille et la poignée de main de Georges Brassens
- Colloque sentimental de Paul Verlaine
- L'espoir en dieu d'Alfred de Musset
- La vieille femme de la lune de Sabine Sicaud
- Vous parler ? de Sabine Sicaud
En Anglais (en bleu) :
- A poet to his beloved de William Butler Yeats
- A song de William Butler Yeats
- I am not yours de Sarah Teasdale
- Bodhi de Sohrab Sepehri
- Winter de Akhavan Saales
- The Foot Steps of Water de Sohrab Sepehri
- Fairies de Ahmad Shamlou
- Some small and clammy being de Albert Goldbarth
Voilà, bonne lecture et joyeuses Fêtes !!!
Keyvan
keyvan@lesdoigtsbleus.com
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Hi Everyone, it's poetry time !
This month the selection is almost only Iranian and French. Shamlou, Verlaine, Sepehri, Musset, Saales, Sicaud... there's gonna be plenty for you to read and (hopefully) enjoy.
This month's attachments are "The Prophet" by Khalil Gibran (a wonderful book both very philosphical and very poetic) and "Santa Baby" a song by Madonna in which she sounds very much like Marilyn Monroe.*
Now some news about the site : LeS dOiGtS bLeUs has moved (again !) to www.lesdoigtsbleus.com. The domain was finally available so I bought it. But don't worry the old address (www.lesdoigtsbleus.fr.st) will still work.
All right, now that everything has been said and done, why don't we take a look at the poems ?
In English (in blue) :
- A poet to his beloved by William Butler Yeats
- A song by William Butler Yeats
- I am not yours by Sarah Teasdale
- Bodhi by Sohrab Sepehri
- Winter by Akhavan Saales
- The Foot Steps by Water de Sohrab Sepehri
- Fairies by Ahmad Shamlou
- Some small and clammy being by Albert Goldbarth
In French (in white) :
- Les Colchiques by Guillaume Apollinaire
- Le Jeu by Charles Baudelaire
- Les Regrets by Joachim du Bellay
- La rose, la bouteille et la poignée de main by Georges Brassens
- Colloque sentimental by Paul Verlaine
- L'espoir en dieu d'Alfred by Musset
- La vieille femme de la lune by Sabine Sicaud
- Vous parler ? by Sabine Sicaud
I hope you'll enjoy reading these poems ! Merry Christmas and Happy New Year !!!
Keyvan
keyvan@lesdoigtsbleus.com
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Les colchiques
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violatres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne
Guillaume Apollinaire
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A poet to his beloved
I bring you with reverent hands
The books of my numberless dreams,
White woman that passion has worn
As the tide wears the dove-grey sands,
And with heart more old than the horn
That is brimmed from the pale fire of time:
White woman with numberless dreams,
I bring you my passionate rhyme.
William Butler Yeats
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Le jeu
Dans des fauteuils fanés des courtisanes vieilles,
Pâles, le sourcil peint, l'oeil câlin et fatal,
Minaudant, et faisant de leurs maigres oreilles
Tomber un cliquetis de pierre et de métal;
Autour des verts tapis des visages sans lèvres,
Des lèvres sans couleurs, des mâchoires sans dent,
Et des doigts convulsés d'une infernale fièvre,
Fouillant la poche vide ou le sein palpitant;
Sous de sales plafonds un rang de pâles lustres
Et d'énormes quinquets projetant leurs lueurs
Sur des fronts ténébreux de poètes illustres
Qui viennent gaspiller leurs sanglantes sueurs;
Voilà le noir tableau qu'en un rêve nocturne
Je vis se dérouler sous mon oeil clairvoyant.
Moi-même, dans un coin de l'antre taciturne,
Je me vis accoudé, froid, muet, enviant,
Enviant de ces gens la passion tenace,
De ces vieilles putains la funèbre gaieté,
Et tous gaillardement trafiquant à ma face,
L'un de son vieil honneur, l'autre de sa beauté !
Et mon coeur s'effraya d'envier maint pauvre homme
Courant avec ferveur à l'abîme béant,
Et qui, saoul de son sang, préférerait en somme
La douleur à la mort et l'enfer au néant !
Charles Baudelaire
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A song
I thought no more was needed
Youth to polong
Than dumb-bell and foil
To keep the body young.
O who could have foretold
That the heart grows old?
Though I have many words,
What woman's satisfied,
I am no longer faint
Because at her side?
O who could have foretold
That the heart grows old?
I have not lost desire
But the heart that I had;
I thought 'twould burn my body
Laid on the death-bed,
For who could have foretold
That the heart grows old?
William Butler Yeats
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LES REGRETS - Heureux qui comme Ulysse
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage
Ou comme celui-là qui conquit la Toison,
Et puis est retourné plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge!
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province et beaucoup davantage?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine.
Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.
Joachim du Bellay
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"I am not yours"
I am not yours, not lost in you,
Not lost, although I long to be
Lost as a candle lit at noon,
Lost as a snowflake in the sea.
You love me, and I find you still
A spirit beautiful and bright,
Yet I am I, who long to be
Lost as a light is lost in light.
Oh plunge me deep in love -- put out
My senses, leave me deaf and blind,
Swept by the tempest of your love,
A taper in a rushing wind.
Sarah Teasdale
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La rose, la bouteille et la poignée de main
Cette rose avait glissé de
La gerbe qu'un héros gâteux
Portait au monument aux Morts.
Comme tous les gens levaient leurs
Yeux pour voir hisser les couleurs,
Je la recueillis sans remords.
Et je repris ma route et m'en allai quérir
Au p'tit bonheur la chance, un corsage à fleurir.
Car c'est une des pir's perversions qui soient
Que de garder une rose par-devers soi.
La première à qui je l'offris
Tourna la tête avec mépris,
La deuxième s'enfuit et court
Encore en criant "au secours !"
Si la troisième m'a donné
Un coup d'ombrelle sur le nez,
La quatrièm', c'est plus méchant,
Se mit en quête d'un agent.
Car, aujourd'hui, c'est saugrenu,
Sans être louche, on ne peut pas
Fleurir de belles inconnues.
On est tombé bien bas, bien bas...
Et ce pauvre petit bouton
De rose a fleuri le veston
D'un vague chien de commissaire,
Quelle misère!
Cette bouteille était tombée
De la soutane d'un abbé
Sortant de la messe ivre mort.
Une bouteille de vin fin
Millésimé, béni, divin,
Je la recueillis sans remords.
Et je repris ma route en cherchant, plein d'espoir,
Une brave gosier sec pour m'aider à la boire.
Car c'est une des pir's perversions qui soient
Que de garder du vin béni par-devers soi.
Le premier refusa mon verre,
En me lorgnant d'un oeil sévère,
Le deuxième m'a dit, railleur,
De m'en aller cuver ailleurs.
Si le troisième, sans retard,
Au nez m'a jeté le nectar,
Le quatrièm', c'est plus méchant,
Se mit en quête d'un agent.
Car aujourd'hui, c'est saugrenu,
Sans être louche, on ne peut pas
Trinquer avec des inconnus,
On est tombé bien bas, bien bas...
Avec la bouteille de vin
Millésimé, béni, divin,
Les flics se sont rincé la dalle,
Un vrai scandale !
Cette pauvre poignée de main
Gisait, oubliée, en chemin,
Par deux amis fâchés a mort.
Quelque peu décontenancée,
Elle était la, dans le fossé.
Je la recueillis sans remords.
Et je repris ma route avec l'intention
De faire circuler la virile effusion,
Car c'est une des pir's perversions qui soient
Qu' de garder une poignée de main par-devers soi.
Le premier m'a dit: "Fous le camp !
J'aurais peur de salir mes gants."
Le deuxième, d'un air dévot,
Me donna cent sous, d'ailleurs faux.
Si le troisième, ours mal léché,
Dans ma main tendue a craché,
Le quatrièm', c'est plus méchant,
Se mit en quête d'un agent.
Car aujourd'hui, c'est saugrenu,
Sans être louche, on ne peut pas
Serrer la main des inconnus,
On est tombé bien bas, bien bas...
Et la pauvre poignée de main
Victime d'un sort inhumain,
Alla terminer sa carrière
A la fourrière !
Georges Brassens
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Bodhi
There was a special moment,
All doors were open.
No leaves, no branches,
The garden of annihilation had appeard.
Birds of places were silent,
This silent, that silent,
The silence itself was utterance.
What was that area?
Seems a ewe and a wolf,
Standing side by side. (1)
The shape of the sound, pale
The voice of the shape, weak
Was the curtain folded?
I was gone, he was gone,
We had lost us.
The beauty was alone.
Every river had become a sea,
Every being had become a Buddha.
Sohrab Sepehri
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Colloque sentimental
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l'heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.
-Te souvient-il de notre extase ancienne?
-Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne?
-Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom?
Toujours vois tu mon âme en rêve? -Non.
-Ah! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches! -C'est possible.
Qu'il était bleu, le ciel, et grand l'espoir!
-L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.
Paul Verlaine
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Winter
They are not going to answer your greeting
Their heads are in their collars
Nobody is going to raise his head
To answer a question or to see a friend
The eyes cannot see beyond the feet
The road is dark and slick
If you stretch a friendly hand towards anybody
He hardly brings his hand out of his pocket
For the cold is so bitter
The breath coming out of your chest
Turns into a dark cloud
And stands like a wall in front of your eyes
While your own breath is like this
What do you expect from your distant or close friends?
My gentle Messiah, O, dirty dressed monk
The weather is so ungently cold
You be warm and happy
You answer my greeting and open the door
It is me, your nightly guest, an unhappy gypsy;
It is me, a kicked up, afflicted stone
It is me, a low insult of creation, an untuned melody.
I am neither white nor black
I am colorless
Come and open the door, see how cheerless I am
O, my dear host, your nightly guest is shivering outside
There is no hail outside, no death;
If you hear any sound, it is the sound of cold and teeth.
What are you saying, that
It is too late, it is dawn, it is day?
What you see on the sky
Is not the redness after dawn
It is the result of the winter's slap
On the sky's cheeks
O, partner go and get the wine ready
Days and nights are the same
They are not going to answer your greeting
The air is gloomy, doors are closed,
The heads are in collars, the hands are hidden,
The breaths are clouds, the people are tired and sad,
The trees are crystallized skeletons, the earth is low-spirited
The roof of the sky is low
The sun and moon are hazy
It is winter.
Akhavan Saales
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L'Espoir en Dieu
(extrait)
Tant que mon faible coeur, encor plein de jeunesse,
À ses illusions n'aura pas dit adieu,
Je voudrais m'en tenir à l'antique sagesse,
Qui du sobre Épicure a fait un demi-dieu.
Je voudrais vivre, aimer, m'accoutumer aux hommes,
Chercher un peu de joie et n'y pas trop compter,
Faire ce qu'on a fait, être ce que nous sommes,
Et regarder le ciel sans m'en inquiéter.
Je ne puis ; - malgré moi l'infini me tourmente.
Je n'y saurais songer sans crainte et sans espoir ;
Et, quoi qu'on en ait dit, ma raison s'épouvante
De ne pas le comprendre et pourtant de le voir.
Qu'est-ce donc que ce monde, et qu'y venons-nous faire,
Si, pour qu'on vive en paix, il faut voiler les cieux ?
Passer comme un troupeau les yeux fixés à terre,
Et renier le reste, est-ce donc être heureux ?
Non, c'est cesser d'être homme et dégrader mon âme.
Dans la création le hasard m'a jeté ;
Heureux ou malheureux, je suis né d'une femme,
Et je ne puis m'enfuir hors de l'humanité.
Que faire donc? " Jouis, dit la raison païenne ;
Jouis et meurs ; les dieux ne songent qu'à dormir.
- Espère seulement, répond la foi chrétienne ;
Le ciel veille sans cesse, et tu ne peux mourir. "
Entre ces deux chemins, j'hésite et je m'arrête.
Je voudrais, à l'écart, suivre un plus doux sentier.
Il n'en existe pas, dit une voix secrète ;
En présence du ciel il faut croire ou nier.
(...)
Si mon coeur, fatigué du rêve qui l'obsède,
À la réalité revient pour s'assouvir,
Au fond des vains plaisirs que j'appelle à mon aide
Je trouve un tel dégoût, que je me sens mourir.
Aux jours même où parfois la pensée est impie,
Où l'on voudrait nier pour cesser de douter,
Quand je posséderais tout ce qu'en cette vie
Dans ses vastes désirs l'homme peut convoiter ;
Donnez-moi le pouvoir, la santé, la richesse,
L'amour même, l'amour, le seul bien d'ici-bas !
Que la blonde Astarté, qu'idolâtrait la Grèce,
De ses îles d'azur sorte en m'ouvrant les bras ;
Quand je pourrais saisir dans le sein de la terre
Les secrets éléments de sa fécondité,
Transformer à mon gré la vivace matière,
Et créer pour moi seul une unique beauté ;
Quand Horace, Lucrèce et le vieil Épicure,
Assis à mes côtés, m'appelleraient heureux,
Et quand ces grands amants de l'antique nature
Me chanteraient la joie et le mépris des dieux,
Je leur dirais à tous : " Quoi que nous puissions faire,
Je souffre, il est trop tard ; le monde s'est fait vieux.
Une immense espérance a traversé la terre ;
Malgré nous vers le ciel il faut lever les yeux ! "
Alfred de Musset
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The Foot Steps Of Water
Life's a pleasant tradition.
Life's wing is as vast as death.
Life's a jump the size of love.
Life's not something,
we put on the mantel of habit
and forget.
It does not matter where I am.
The sky is always mine.
Windows, ideas, air, love,
earth, all mine.
Why does it matter if sometimes,
the mushrooms of nostalgia grow?
Let's take off our clothes.
Water is just a foot away.
Let's have a basket and
fill it up with all the greens
and all the reds.
We are not to comprehend;
the secret of roses, but maybe
swiming in the incantation of roses.
Or may be looking for
the song of truth
between the morning glory,
and the century.
Sohrab Sepehri
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La vieille femme de la lune
On a beaucoup parlé dans la chambre, ce soir.
Couché, bordé, la lune entrant par la fenêtre,
On évoque à travers un somnolent bien-être,
La vieille qui, là-haut, porte son fagot noir.
Qu'elle doit être lasse et qu'on voudrait conna"tre
Le crime pour lequel nous pouvons tous la voir
Au long des claires nuits cheminer sans espoir!
Pauvre vieille si vieille, est-ce un vol de bois mort
Qui courbe son vieux dos sur la planète ronde?
Elle a très froid, qui sait, quand le vent souffle fort.
Va-t-elle donc marcher jusqu'à la fin du monde?
Et pourquoi dans le ciel la tra"ner jusqu'au jour!
On dort... Nous fermerons les yeux à double tour...
Lune, laisse-la donc s'asseoir une seconde.
Sabine Sicaud
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Fairies
Once upon a time,
Three Fairies sat
Naked at sunset
Under the blue dome of sky
"Boo-hoo," cried the Fairies
and their tears were like rain from Spring clouds
Their hair was as long as rope
and as dark as night
It may have been even longer than rope
and it may have been even darker than night
Before them, upon the horizon
Was a city of enslaved boys
Behind them, black and cold
sat the old fabled Castle (where they used to live)
They listened; and from the city they heard
the sounds of chains clinking
While from behind them in the castle
came the nightly moans
Hey, aren't you Fairies hungry?
Aren't you Fairies thirsty? or tired?
Why is it that you Fairies are crying?
The Fairies said nothing
and "Boo-hoo," they continued to cry
and their tears were like rain from Spring clouds
Dear Fairies, why are you crying?
You fairies must be afraid of something.
Are you worried that it may snow?
Are you scared that it may rain?
Do you fear that the wolf may come and eat you?
Or do you think that the Devil himself
is coming to eat you?
You Fairies must be afraid of something.
Why don't you come to our City?
Listen! Can't you hear the sound
of our City's chains clinking
Hey, look you Fairies!
Look how tall I am
Watch my white horse
with its honey-colored mane and it's honey-colored tail
which runs as swift as the wind
See the veins and muscles ripple hard as iron
in his legs and in his neck
Watch our horse's nose as he puts it in the air!
Our city is celebrating tonight
For the Devil's house has been overthrown
The country people are our guests tonight
Venturing from their homes
They are coming, "Dom" "Dom" "Dom"
They are drumming "Pom" "Pom" "Pom"
They are laughing, "Ha" "Ha" "Ha"
They are singing:
"The City is ours!"
"We are happy!" --- the Devil complains
"The world is ours" --- the Devil howls
"Whiteness is king! --- the Devil moans
"Darkness is ashamed" --- the Devil groans
Listen Fairies, the long night is ending
and the heavy doors of the castle are fastened.
If you can wake earlier and mount my horse
Together we can arrive in the City
If you can wake earlier and listen
you will hear the wonderful chains rattle and clink
Yes, the expensive chains
chain to chain and link by link
loosening and dropping from the people's wrists
The chains are worn out! They shatter!
If you are a Devil you will be miserable this night.
There is no place for Devils to run now
For them, the forests will be barren
For them, the jungles will be desert
It is different here in our City
Oh Fairies! You have no idea
how things have changed!
The Castle doors are open
the slave-holders and the Devils are ashamed
the slaves are being freed
The dungeons are being transformed
And now he who has been imprisoned and tortured
is given balm
The sharp straws have become soft rugs
Yes, the slaves are becoming free
So many, Free!
Free to consider revenge
With sickles and hoes
They become a flood,
a flood of slaves
a flood of anger, Whoosh!
The slaves are becoming free
So many, Free!
Free to consider revenge
With sickles and hoes
They become a roaring fire
And how beautiful are fireworks
in the heart of the night!
How wonderful the firelightis!
Finally the night-fires dwindle and sunrise comes
Not much remains of the night
Now the slaves are ready to pick up torches
and beat the soul of the night with them
and finish off the Devil's darkness
They are ready; ready to bring him into courtyard,
ready to redicule and taunt him.
It is time to take each other's hands
and dance around the loser
So, what are you crying about Fairies?
Stop your whining!
But the Fairies didn't answer
They only continued to weep
and their tears were like rain from Spring clouds
At the longest night of Winter
When we all used to sit around the Korsi (1)
eating sunflower seeds
While listening to the rain
and its sound in the gutter
Our Nanny used to tell us stories
About striped fairies
The story of a yellow Fairy and a green Fairy
The story of the patient stone
The story of a goat on the roof and
the story of the daughter of the King of the Fairies!
You are those same Fairies!!
You have come to our world!!
But here in our world
You only sad and depressed
You act like our world is empty
You act like our world is absured
You act like our world is nothing but pain
It is true
Our world is no Fairy-tale
with secret messages and happy endings
Our world is open-ended
And like it or not
Our world has thorns
Its deserts have snakes
Whoever is a real part of our world
knows these things deeply in their heart
Now what was wrong with your world, Fairies?
Who told you to leave your tall sweet castle?
Why did you come to our unique but difficult world?
The Fairies said nothing
And still they wept
And their tears were like rains from Spring clouds
I patted the Fairies on their backs
I wanted to send them back to their world
But then they started to scream
They were magical and they began to fly about.
They became old, they became tears,
They became young, they became laughter,
They became master and slave,
They became fruit, they became seed,
They became both hope and despair,
They became a bad omen
These magic tricks did not affect me
I watched their games
But I was not influenced by them
Their jinxed star did not sway me
And when they saw I did not turn into a stone
by any of their sorcery, they changed
One of them became a bottle of wine
One of them became a sea of water
And one of them became a mountain
rising up into the sky
I drank the wine
I swam the sea
I climbed the mountain
There was singing and dancing
in the City beyond the mountain
"Ha-Ha-Ha" we are happy!
No more slavery! We are free!
We destroyed injustice
We held freedom as our Mecca.
Since the City stood firm,
Since the living became ours,
We'll be happy forever!
We'll be free forever!
We have achieved our goal!
We have reached our home!
This is the end of our tale!
This is the end of our jail!
Ahmad Shamlou
Translated by Mahvash Shahegh &
Dan Newsome
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Vous parler ?
Vous parler? Non. Je ne peux pas.
Je préfère souffrir comme une plante,
Comme l'oiseau qui ne dit rien sur le tilleul.
Ils attendent. C'est bien. Puisqu'ils ne sont pas las
D'attendre, j'attendrai, de cette même attente.
Ils souffrent seuls. On doit apprendre à souffrir seul.
Je ne veux pas d'indifférents prêts à sourire
Ni d'amis gémissants. Que nul ne vienne.
La plante ne dit rien. L'oiseau se tait. Que dire?
Cette douleur est seule au monde, quoi qu'on veuille.
Elle n'est pas celle des autres, c'est la mienne.
Une feuille a son mal qu'ignore l'autre feuille,
Et le mal de l'oiseau, l'autre oiseau n'en sait rien.
On ne sait pas. On ne sait pas. Qui se ressemble?
Et se ressemblât-on, qu'importe. Il me convient
De n'entendre ce soir nulle parole vaine.
J'attends, comme le font derrière la fenêtre
Le vieil arbre sans geste et le pinson muet...
Une goutte d'eau pure, un peu de vent, qui sait?
Qu'attendent-ils? Nous l'attendrons ensemble.
Le soleil leur a dit qu'il reviendrait, peut-être...
Sabine Sicaud
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some small and clammy being
not quite yet an angel
is on my back
playing the strings of this nervous system
not quite yet a harp
Albert Goldbarth
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