Moazzam Begg
Citoyen britannique, moazzam begg fut arrêté au Pakistan et détenu pendant trois ans à guantánamo. Au cours de sa détention, Begg reçut une lettre presque complètement censurée de sa fille de sept ans dont la seule ligne lisible était « Je t’aime papa ». Après sa libération, sa fille lui expliqua que la partie censurée de la lettre était en fait un poème qu’elle avait recopié pour lui : « Un, deux, trois, quatre, cinq, / un jour j’ai attrapé un poisson. / Six, sept, huit, neuf, / Puis je l’ai laissé repartir ». Relâché en 2005, il n’a jamais été officiellement accusé d’aucun crime. Le plus grand problème à guantánamo, a-t-il expliqué à Amnesty International, c’est « l’absence de possibilité de prouver votre innocence car
vous restez coincé dans un vide juridique et vous ne pouvez pas avoir de vrais contacts avec votre famille ». Begg a récemment publié ses mémoires sous le titre Enemy Combatant: My Imprisonment at Guantánamo, Bagram, and Kandahar.
Je rentrerai chez moi
Moazzam Begg
il commence sans freins,
se termine par une capture sans fins,
ce voyage.
allongé dans ma cellule les yeux ouverts,
avec une joie et des sourires feints,
Je vois ma liberté consumée, mon heure venue –
les larmes font déborder le vase de ma peine ;
Ma maison est une cage aux barreaux d’acier
où le faux devient vrai, où les rêves sont brisés,
les espoirs tabassés,
où d’un nouveau statut on se voit gratifié !
l’ironie de tout ça – la détention et le reste :
être si petit et se tenir si haut.
des années de larmes, des journées de labeur,
il ne reste que la peur, au bon plaisir des tyrans.
une ordination qui expirera sûrement
sans tarder.
Mais en attendant, cette farce on doit l’endurer
seul.
Maintenant que l’on a bien appris sa leçon :
que « la patience est une vertu »
et que la vertu est forgée de fer,
alors la poésie est mise en mouvement
(peut-être même sera-t-elle appréciée).
encore et encore sur le papier j’écris,
sachant quoi mais jamais quand –
là où les rêves commencent et les cauchemars
s’achèvent –
Je rentrerai chez moi auprès de ceux que j’aime.
Traduction: Keyvan Sayar © Biliki, 2009
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